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Souffrir

par | 5 Jan 2023 | Prendre soin | 0 commentaires

Aucune vie n’est épargnée de la souffrance. Elle prend plusieurs visages.

Elle s’inscrit toujours dans le corps, que son origine soit psychologique ou physique.

On parle beaucoup aujourd’hui de souffrance psychique lorsque l’individu n’accède pas au bien-être. Tyrannie du bien-être auquel il faudrait accéder au risque de « louper » sa vie, injonction au bonheur…c’est oublier que la souffrance fait partie de notre vie : souffrance originelle qui s’inscrit au début de la vie, séparation d’avec le corps maternel, souffrance de la séparation aux différents stades de vie, séparation « normale » avec les enfants lorsqu’ils grandissant, séparation avec les parents lorsque l’heure est venue de leur dire au revoir et séparation plus douloureuse avec l’être aimé lorsqu’il y a rupture , maladie.

Le care Nathalie Leroy vieillesse
Pourtant, peut-on être heureux si l’on n’a pas connu la souffrance ? Pourquoi tant d’individus qui échappent à la mort apprécient autant la vie ? Nombreuses sont les questions.

J’avais lu, il y a quelques années un écrit dans la salle d’attente de mon médecin traitant : « heureux soit celui ou celle a qui on a mis un nom sur sa maladie, malheureux est celui qui n’a rien. » A l’époque, je n’avais pas compris.

Aujourd’hui, je comprends mieux. Il faut donner un nom à la souffrance, il faut qu’elle soit reconnue pour apaiser notre angoisse.

Dans l’ouvrage intitulé « Ce que souffrir veut dire » sous la direction de François Marty, Marie-José del Volgo et Roland Gori écrivent : « lorsque le médecin dit à son patient en réponse à sa plainte, « vous n’avez rien », cela revient à lui dire qu’il souffre pour rien. La vérité subjective du patient, c’est rien, un rien qui manifeste l’impossibilité pour le médecin, le praticien d’accorder du temps à écouter ce rien, un rien qui lui renvoie sa propre castration et ses échecs. »

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La plainte est souvent associée à la souffrance. La plainte, c’est la possibilité de mettre des mots sur des maux, des mots pour comprendre, c’est ouvrir un espace de paroles, un lien qui nous relie à l’Autre. Au-delà des mots, y compris lorsque le patient ne peut s’exprimer, c’est surtout la quête de compréhension qui l’anime : comme l’exprime Ricoeur, 1994, « une déchirure s’ouvre entre le vouloir dire et l’impuissance à dire ».
« La plainte donne un espace relationnel à la douleur et l’ouvre à la souffrance, dans nos rêves de manière aussi constante par la scène toujours répétée du récit fait et jamais écouté. (Primo Levi), retrouvant dans l’inconscient les traces traumatiques infantiles de n’avoir eu personne qui vous écoute…  « alors une désolation totale m’envahit, comme certains désespoirs enfouis dans les souvenirs de la petite enfance, une douleur à l’état pur, la douleur des enfants qui pleurent… »

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