Le refoulement, l’impossible oubli
Comme l’exprime Vincent Di Rocco, psychologue, dans un article, Le refoulement est une mise à l’écart qui, paradoxalement, conserve l’expérience douloureuse. D’une certaine façon cette expérience est en attente d’élaboration.
Le soin psychique est alors une occasion de se réconcilier avec son histoire, de lui donner sens.
Bien souvent, l’humain tente de réduire l’angoisse liée au refoulement de désirs irrecevables, de masquer le conflit psychique sous-jacent. Des expériences de perte, des traumatismes réactivent de tels désirs refoulés, de tels conflits insupportables.
Une rupture amoureuse qui devient insupportable réactive le sentiment de n’avoir pas bénéficié, enfant, de cet amour protecteur attendu. Un attachement désorganisé, un père violent, une mère soumise qui n’ont pas été attentifs aux besoins de l’enfant devenu adulte. Cet adulte aujourd’hui qui se sent toujours responsable de l’échec amoureux, qui n’a pas su suffisamment « s’aimer » avant tout.
Un accouchement aussi remet en question les places de chacun : la fille devient mère, la mère devient grand-mère. Resurgit alors un conflit infantile non réglé : comment prendre la place de la mère si non seulement celle-ci ne l’y autorise pas et si la fille non plus ne s’est pas autorisée à entrer en rivalité avec sa mère, en refusant de grandir par exemple, en restant enfant adoptant le visage de l’anorexique…
V. Di Rocco écrit : « Le refoulement disjoint le lien entre affect et représentation pour rendre cette dernière inconsciente, à la fois repoussée de la conscience par les forces de censures liées au surmoi et attirée par les représentations inconscientes auxquelles elle est déjà associée.»
« Le refoulement est alors un moyen de circonscrire un conflit trop douloureux, protégeant ainsi la vie psychique d’une conflictualité trop importante. » « Mais il échoue toujours en partie et le refoulé fait retour sous une forme (lapsus ou acte manqué) qui surprend toujours le sujet. En fait, le refoulement échoue toujours en partie car le refoulé ne cesse de faire retour sous une forme déguisée, transformée. Quand le conflit est trop marqué, il ne peut pas être complètement contenu dans l’inconscient, l’affect d’angoisse s’exprime alors avec force débouchant sur des formations symptomatiques visant à le réduire. »
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